ÉGLISE SAINT-MARCEL
Petit historique...
Notre patron n'est pas le Pape Marcel, mais le neuvième évêque de Paris. Notre
église, comme notre quartier (Pantique faubourg Saint-Marteau), porte le nom
de cet évêque de Paris, mort en 436, qui avait lui-même choisi, pour lieu
de sépulture, un emplacement situé à l'angle sud que forment aujourd'hui le
boulevard Saint-Marcel et l'avenue des Gobelins, en bordure de l'ancienne
voie romaine.
Un lieu de pèlerinage
Son tombeau devint rapidement un lieu de pèlerinage et les chrétiens de Lutèce
prirent l'habitude de dire "On va à Saint-Marcel", comme on dirait : "On va
à Saint-Jacques de Compostelle". Saint Marcel demeure, avec Saint Denis et
Sainte Geneviève, l'un des trois protecteurs de Lutèce. Ses reliques sont
contenues dans un reliquaire placé sous la tribune de notre église.
Première église
On y construisit, à peu près à l'emplacement de la rue de la Reine Blanche,
une chapelle, puis une église mentionnée le 26 juin 1158 dans une lettre du
Pape Adrien IV. C'est là que la population du Sud de Paris venait prier jusqu'à
la Révolution française.
Deuxième église
Le 26 juillet 1856, fut posée la première pierre d'une église néo-gothique,
située au 80 boulevard de l'Hôpital, sous le vocable de Saint-Marcel-de-la-Salpêtrière.
Elle sera en service jusqu'à Noël 1962. Une nouvelle église Comme cet édifice
menaçait ruine, les Chantiers du Cardinal et la Ville de Paris décidèrent,
dans l'urgence, de bâtir une nouvelle église en béton, dont les plans furent
présentés, par l'architecte Daniel Michelin, au Curé d'alors, le P. André
Payon. Elle fut inaugurée par le Cardinal Feltin le 18 décembre 1966, consacrée
le 9 avril 1967 par le Cardinal Veuillot, 129ème successeur de l'Evêque
Marcel, qui figure dans le vitrail de la façade réalisée, en 1993 par le Maître-verrier
Guerin.
L'EGLISE HAUTE
L'église haute (il existe une église basse qui sert aujourd'hui de salle de
conférence) s'étend sur une surface de 900m2 jetée sur l'ensemble des salles
du rez-de-chaussée et desservie par un grand escalier donnant accès au narthex.
Au-dessus, s'élève le clocher avec ses trois cloches : Honorine, Geneviève
et Rosalie. La première provient de l'ancienne église, les deux autres, offertes
par la Ville de Paris, viennent du théâtre Sarah Bernhardt, mais ,la seconde
a été refondue et bénite le jour de Pâques 1993 par Mgr Frikart, évêque auxiliaire
de Paris. Le clocher pyramidal, construit par la Ville de Paris, a une hauteur
de 25 mètres. Il est coiffé d'un coq, donnant aux habitants d'alentour des
renseignements météorologiques précieux. Les travaux concernant l'ensemble
(clocher, narthex, salle d'accueil, escalier, ascenseur etc.) ont été dirigés
par Jean Michelin, fils de Daniel, l'architecte de l'église haute.
Visite de l'Église
L'iconographie est centrée sur une théologie de la lumière. La célébration de l'Eucharistie et des sacrements révèle ce don gratuit de la lumière de Dieu : l'Esprit Saint. L'architecte joue avec virtuosité de l'image du triangle et du losange qui brise toute raideur et donne à cette architecture austère sa souplesse. Le porche et le niveau d'accès à l'église lui servent d'introduction. Le choix des vitraux, en dalle de verre, annonce cette théologie de la lumière et invite au cheminement spirituel. Le porche et le clocher ont été inaugurés par le Cardinal Lustiger, le 21 octobre 1993. On retrouve sur la façade du boulevard un grand triangle soutenu par des chevrons. Sa forme proclame, selon l'évangile de Jean, que "le Verbe a planté sa tente parmi nous". Il assure la visibilité de notre église, bâtie en retrait, à une époque où la Ville de Paris prévoyait de transformer le boulevard de l'Hôpital en voie rapide. Le choeur est clos par deux faces de béton, brut-decoffrage, qui s'épaulent (toujours le symbolisme du losange). Sur les côtés on a réduit l'impression de dépouillement que donne ce matériau par un recouvrement de lambris vernis. Le plafond à caissons reproduit à l'infini triangles et losanges, magnifiquement éclairés. Il assure une acoustique d'ensemble remarquable. Le maître autel, surélevé, a été taillé dans un granit bleu du Tarn, ainsi que les fonts baptismaux et l'autel circulaire de belle proportion situé dans la chapelle du Saint Sacrement qui cache une statue de la Vierge digne d'un détour. Dans le choeur, l'évêque Marcel vous accueille en pasteur. Ces deux ouvres, en cuivre repoussé, sont dues au maître
Les deux petites chapelles de notre église
sont éclairées par des vitraux dessinés par Isabelle Rouault, la fille du
peintre. Ils ont été exécutés par Paul et Adeline Bony. Les couleurs dominantes
sont le pourpre au levant (chapelle du Saint Sacrement) et le bleu au couchant
(baptistère). Ces traditions de couleurs,
plus que millénaires, ont été respectées ! C'est sur le bas-côté droit que
se découvre le Chemin de Croix, en émaux cuits sur lave, dû à une amie d'Isabelle
Rouault, Francesca Guerrier. Il est une contemplation de la passion du Christ
dont le dessin puissant et synthétique force l'admiration.
Sur le bas-côté gauche, vous découvrirez une longue tapisserie, évoquant la
Pentecôte, où feux et flammes planent sur l'Eglise naissante. Elle fut tissée,
sur un carton du grand peintre Singier, par la Manufacture Nationale des Gobelins.
Cela nous rappelle que la famille Gobelin a possédé terres et maisons dans
notre quartier depuis la Renaissance... Les frères Gobelin furent de lointains
paroissiens de Saint-Marcel !
La Tapisserie de la Résurrection, suspendue sur une des arêtes du choeur, porte témoignage d'un travail d'équipe exécuté sur un dessin de jeunes, conseillés par l'artiste Luc François.
Les patchworks : le beau patchwork, en entrant à gauche, a été brodé par les ateliers de Saint-Marcel, à partir d'un dessin esquissé par les enfants du catéchisme représentant la "Jérusalem Nouvelle". La réalisation a été guidée par l'artiste Gil Caubel, de même que celles des tapisseries de la Cène pour l'autel et de la Pêche Miraculeuse pour l'ambon.
Les grandes orgues impressionnantes avec leurs tuyaux en biseaux, de style classique, sont Pauvre du maître organier de Nantes, Beuchet-Debierre. Avec leurs cinquante-quatre jeux, elles se classent parmi les orgues majeures de Paris. Maitre Jean-Michel Louchart en est l'organiste titulaire.
En guise de conclusion...
L'Église Saint-Marcel décidée, construite et achevée au moment du Concile
Vatican II en est la plus parfaite illustration. Elle s'inscrit dans le renouveau
liturgique souhaité par les Pères Conciliaires. Son architecture, sa décoration
constituent le meilleur exemple à Paris de l'art et du renouveau religieux
des années 60, porteur de beaucoup d'espérance mais aussi de quelques illusions.
L'oratoire
Il est en semaine le lieu habituel de la prière, plus accessible depuis le
boulevard. Il est décoré de laves émaillées, de Francisco Guerrier derrière
l'autel une représentation de la mort et de la Résurrection du Christ, très
saisissante et qui contraste avec la douceur de Notre Dame de la Nuit, du
bienheureux Charles de Foucauld et de quelques portraits de Saints dont les
apôtres Pierre et Paul. l'atelier de Saint-Marcel a fourni des patchworks
expressifs : le plus important rappelle le don de la manne au désert ; il
est placé non loin du tabernacle.
Le sceau de la paroisse Saint-Marcel (d'argent à quatre chevrons de sable) rappelle tout à la fois le porche chevronné qui signale notre église aux passants et les quatre mots que le P. Guy Lafon, ancien curé, a légués à notre paroisse comme devise Accueillir, Célébrer, Annoncer, Servir. Il est utilisé pour les actes officiels et les certificats de sacrements délivrés par la paroisse.